Intentions de prière du Pape en décembre
En décembre, le Pape invite à prier pour la célébration du Jubilé
Pour les pèlerins de l’espérance. Prions pour que le Jubilé qui s’ouvre nous renforce dans la foi, en nous aidant à reconnaître le Christ ressuscité au milieu de nos vies, et nous transforme en pèlerins de l’espérance chrétienne.
*+*+*+*+*+*
Cantalamessa Pentecôte : l’importance de la prière pour recevoir l’Esprit saint
Pour se préparer spirituellement à la Pentecôte, réfléchissons à l’importance de la prière pour recevoir l’Esprit comme l'ont fait avant nous les apôtres. C'est ce que suggère le cardinal Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale, dans cette méditation qui précède la Pentecôte.
À la Pentecôte prochaine, CHARIS entrera en fonction. CHARIS est le nouvel organisme unique au service de tout le courant de grâce du Renouveau charismatique catholique. Voilà une occasion unique pour nous et pour toute l’Église de recevoir une nouvelle effusion de l’Esprit. Le but de cette réflexion — ainsi que des deux autres qui suivront, qui m’ont été demandées par le comité de coordination — est précisément de soutenir et d’encourager, à l’aide de fondements bibliques et théologiques, l’engagement de prière que de nombreux frères et sœurs souhaitent prendre pour contribuer au succès spirituel de cet événement.
Comment les apôtres se sont-ils préparés à la venue du Saint-Esprit ? En priant ! « Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec ses frères » (Ac 1, 14). La prière des apôtres réunis au Cénacle avec Marie, est la première grande épiclèse, elle ouvre la dimension épiclétique de l’Église, de ce « Viens, Saint-Esprit » qui continuera à résonner dans l’Église au long des siècles et par lequel la liturgie fera précéder toutes ses actions les plus importantes.
Pendant que l’Église était en prière, « un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent […] Tous furent remplis d’Esprit saint » (Ac 2, 2-4). Il se produisit ce qui s’était passé lors du baptême du Christ : « Comme […] après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint […] descendit sur Jésus » (Lc 3, 21-22). On dirait que pour saint Luc, c’est la prière de Jésus qui perça les cieux et fit descendre l’Esprit sur lui. La même chose se produisit à la Pentecôte.
Il est impressionnant de voir avec quelle constance, dans les Actes des apôtres, la venue du Saint-Esprit est liée à la prière. On ne cache pas le rôle décisif du baptême (cf. Ac 2, 38), mais on insiste encore plus sur la prière. Saul « priait » lorsque le Seigneur lui envoya Ananie pour qu’il recouvre la vue et qu’il soit rempli du Saint-Esprit (cf. Ac 9, 9-11). Quand les apôtres apprirent que la Samarie avait accueilli la Parole, ils envoyèrent Pierre et Jean et « à leur arrivée, ceux-ci prièrent pour ces Samaritains afin qu’ils reçoivent l’Esprit saint » (Ac 8, 15).
Quand, à la même occasion, le magicien Simon tenta de recevoir le Saint-Esprit en payant, les apôtres réagirent avec indignation (cf. Ac 8, 18). On ne peut acheter le Saint-Esprit, on ne peut que l’implorer dans la prière. Jésus lui-même avait lié le don du Saint-Esprit à la prière en disant : « Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! » (Lc 11, 13). Il avait lié ce don, non seulement à notre prière, mais aussi et surtout à la sienne en disant : « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous » (Jn 14, 16). Entre la prière et le don de l’Esprit, il y a la même circulation et interpénétration qu’il y a entre la grâce et la liberté. Nous avons besoin de recevoir le Saint-Esprit pour pouvoir prier, et nous devons prier pour recevoir le Saint-Esprit. Au début, il y a le don de la grâce, mais nous devons ensuite prier pour que ce don soit préservé et qu’il grandisse.
Mais tout cela ne doit pas rester un enseignement abstrait et vague. Il doit me dire quelque chose à moi personnellement. Veux-tu recevoir le Saint-Esprit ? Te sens-tu faible et souhaites-tu être recouvert de la puissance d’en haut ? Te sens-tu tiède et veux-tu être réchauffé ? Aride et tu veux être arrosé ? Rigide et tu veux être courbé ? Mécontent de ta vie passée et tu veux être renouvelé ? Prie, prie, prie ! Que sur ta bouche ne soit pas étouffé ce cri : Veni Sancte Spiritus, viens Saint-Esprit ! Si une personne ou un groupe de personnes, avec foi, se met en prière et en retraite, déterminé à ne pas se lever tant qu’elle n’aura pas été revêtue du pouvoir d’en haut et baptisée dans l’Esprit, cette personne ou ce groupe ne se lèvera pas sans avoir reçu ce qu’elle a demandé et bien plus encore. C’est ce qui s’est passé lors de la première retraite de Duquesne, qui fut à l’origine du Renouveau charismatique catholique.
À l’image de la prière de Marie et des apôtres, notre prière doit être une prière « concordante et persévérante ». Concordante ou unanime (homothymadon) signifie, littéralement, fait d’un seul cœur (cum corda/con-corde) et d’une « seule âme ». Jésus a dit : « Et pareillement, amen, je vous le dis, si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux » (Mt 18, 19).
L’autre caractéristique de la prière de Marie et des apôtres est que c’était une prière « persévérante ». Le terme original grec qui exprime cette qualité de la prière chrétienne (proskarteroúntes) indique une action tenace, insistante, le fait d’être occupé avec assiduité et consistance à quelque chose. Il se traduit par persévérants, ou assidus, dans la prière. On pourrait aussi traduire par « s’accrochant avec ténacité » à la prière.
Ce mot est important car c’est celui qui revient le plus souvent à chaque fois que dans le Nouveau Testament on parle de prière. Dans les Actes, il revient peu de temps après, lorsqu’on parle des premiers croyants venus à la foi, qui « étaient assidus à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (Ac 2, 42). Saint Paul aussi recommande d’être « assidu à la prière » (Ac 2, 42 ; Col 4, 2). Dans un passage de la Lettre aux Éphésiens, nous lisons : « En toute circonstance, que l’Esprit vous donne de prier et de supplier : restez éveillés, soyez assidus à la supplication pour tous les fidèles » (Ep 6, 18).
La substance de cet enseignement vient de Jésus, qui a raconté la parabole de la veuve importune, justement pour dire « la nécessité de toujours prier sans se décourager » (Lc 18, 1). La femme cananéenne est une illustration vivante de cette prière insistante qui ne se laisse décourager par rien et qui finit par obtenir, précisément pour cette raison, ce qu’elle désire. Elle demande une première fois la guérison de sa fille et Jésus — est-il écrit — « ne lui répondit pas un mot » (Mt 15, 23). Elle insiste et Jésus répond qu’il n’a été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël. Elle se jette à ses pieds et Jésus lui oppose « qu’il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » Il y avait de quoi se décourager. Mais la femme cananéenne ne se rend pas. Elle dit : « mais justement, les petits chiens », et Jésus s’exclame de joie : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » (Mt 15, 21)
Prier longtemps, avec persévérance, ne veut pas dire prier avec beaucoup de mots, en s’abandonnant à un vain bavardage comme les païens (cf. Mt 6, 7). Persévérer dans la prière signifie demander souvent, ne pas cesser de demander, ne pas cesser d’espérer, ne jamais abandonner. Cela signifie ne pas s’accorder de repos et ne pas en accorder au Seigneur non plus : « Vous qui tenez en éveil la mémoire du Seigneur, ne prenez aucun repos ! Ne lui laissez aucun repos qu’il n’ait rendu Jérusalem inébranlable !” (Is 62, 6-7)
Mais pourquoi la prière doit-elle être persévérante et pourquoi Dieu n’écoute-t-il pas immédiatement ? N’est-ce pas lui qui, dans la Bible, promet d’écouter immédiatement, dès qu’on le prie, ou avant même qu’ait fini de prier ? « Avant qu’ils n’appellent, moi, je répondrai ; ils parleront encore que moi, je les aurai entendus. » (Is 65, 24). Jésus répète : « Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice » (Lc 18, 7-8). L’expérience ne contredit-elle pas de manière flagrante ces mots ? Non, Dieu a promis de toujours écouter et d’écouter immédiatement nos prières, et il le fait. C’est nous qui devons ouvrir les yeux.
C’est très vrai, il tient parole : en retardant son secours, il nous aide déjà ; en effet, le fait de différer est déjà en soi un secours. Et ceci pour il n’arrive pas qu’en écoutant trop rapidement la volonté du demandeur, il ne puisse lui offrir une santé parfaite. Il est nécessaire de distinguer l’exaucement selon la volonté de la personne qui prie et l’exaucement selon le besoin de la personne qui prie, qui est son salut. Jésus a dit : « cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira » (Mt 7, 7). Quand on lit ces mots, on pense immédiatement que Jésus promet de nous donner tout ce que nous lui demandons, et nous restons perplexes car nous voyons que cela se réalise rarement. Mais il voulait surtout dire une chose : « Cherchez-moi et vous me trouverez, frappez et je vous ouvrirai ». Il promet de se donner, au-delà des petites choses que nous lui demandons, et cette promesse, il la tient de manière infaillible toujours. Ceux qui le cherchent le trouvent ; à qui frappe, il ouvre et une fois qu’on l’a trouvé, tout le reste passe à la deuxième place.
Lorsque l’objet de notre prière est le bon don par excellence, celui que Dieu lui-même veut nous donner par-dessus tout — le Saint-Esprit —, nous devons nous garder de toute illusion. Nous sommes amenés à concevoir le Saint-Esprit, plus ou moins consciemment, comme une aide puissante venant d’en haut, un souffle de vie qui vienne raviver agréablement notre prière et notre ferveur, donner son efficacité à notre ministère et permettre qu’il soit facile de porter la croix. Tu as prié de cette manière pendant des années pour vivre ta propre Pentecôte, et il te semble que pas un souffle de vent ne se soit levé. Rien de ce que tu attendais ne s’est produit.
Le Saint-Esprit n’est pas donné pour renforcer notre égoïsme. Regarde mieux autour de toi. Peut-être que tout ce Saint-Esprit que tu avais demandé pour toi, Dieu te l’a accordé, mais pour les autres. Peut-être que la prière des autres autour de toi, par ta parole, a-t-elle été renouvelée et la tienne a avancé laborieuse comme avant ; d’autres ont senti que leur cœur était transpercé, ils ont eu la componction et dans les larmes ils se sont repentis, et tu es encore là à demander cette même grâce. Laisse Dieu libre ; mets un point d’honneur à laisser sa liberté à Dieu. C’est la façon qu’il a choisie, lui, de te donner son Saint-Esprit et c’est la plus belle. Qui sait qu’un apôtre, le jour de la Pentecôte, en voyant toute cette foule repentie se frapper la poitrine, transpercée par la Parole de Dieu, qui sait, dis-je, il a ressenti envie et confusion, en pensant qu’il n’avait jamais pleuré d’avoir crucifié Jésus de Nazareth. Saint Paul, qui dans sa prédication était accompagné de la manifestation de l’Esprit et de sa puissance, a demandé à trois reprises d’être libéré de son écharde dans la chair, mais ne fut pas écouté et dut se résigner à vivre avec elle pour que se manifeste mieux la puissance de Dieu (cf. 2 Co 12, 8s).
Dans le Renouveau charismatique, la prière se manifeste sous une nouvelle forme comparée au passé : celle de la prière en groupe ou du groupe de prière. En y participant, on comprend ce que voulait dire l’apôtre quand il écrivait aux Éphésiens : « Soyez plutôt remplis de l’Esprit saint. Dites entre vous des psaumes, des hymnes et des chants inspirés, chantez le Seigneur et célébrez-le de tout votre cœur. À tout moment et pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, rendez grâce à Dieu le Père » (Ep 5, 18-20). Et encore : « En toute circonstance, que l’Esprit vous donne de prier et de supplier : restez éveillés » (Ep 6, 18).
Nous ne connaissons que deux types fondamentaux de prière : la prière liturgique et la prière personnelle. La prière liturgique est communautaire, mais elle n’est pas spontanée ; la prière personnelle est spontanée, mais elle n’est pas communautaire. Il y a des moments pendant lesquels on peut prier spontanément, selon l’inspiration de l’Esprit, mais en partageant sa prière avec les autres, rassemblant les divers dons et charismes et s’édifiant chacun avec la ferveur de l’autre ; rassemblant les différentes « langues de feu » afin de former une seule flamme. En bref, il faut une prière spontanée et communautaire à la fois.
Nous avons un magnifique exemple de cette prière « charismatique », spontanée et communautaire, dans le quatrième chapitre des Actes. Pierre et Jean, libérés de prison avec l’interdiction formelle de parler au nom de Jésus, rentrent dans leur communauté, qui se met à prier. L’un proclame une parole de l’Écriture (« Les princes se sont ligués contre le Seigneur, le Christ »), un autre a le don prophétique d’appliquer la parole à la situation du moment ; il y a un « soulèvement » de la foi qui donne le courage de demander « des guérisons, des signes et des prodiges ». En fin de compte, on répète ce qui s’est passé à la première Pentecôte « tous furent remplis du Saint-Esprit » et continuaient à prêcher le Christ « avec assurance ».
Un cadeau spécial à demander au Saint-Esprit à l’occasion du renouveau et de l’unification des organisations de service est que ressuscite la merveille de ces premiers groupes de prière charismatiques dans lesquels on respirait presque la présence du Saint-Esprit et où la seigneurie du Christ n’était pas une vérité seulement proclamée mais vécue de manière presque tangible. N’oublions pas que le groupe de prière ou la prière en groupe est l’élément de base qui rapproche à la fois la réalité des groupes de prière et celle des fraternités charismatiques.
Avec chacune des modalités de prière que je viens de rappeler, on peut participer à la chaîne de prière pour se préparer à la Pentecôte. À celui qui aime la prière liturgique, je suggère de répéter plusieurs fois par jour, à son choix, l’une des invocations suivantes au Saint-Esprit en usage dans la liturgie, sachant que vous rejoindrez ainsi les innombrables foules de croyants qui se sont exprimés avant nous :
« Viens, Saint-Esprit, remplis le cœur de tes fidèles et allume en eux le feu de ton amour ». (Pour ceux qui aiment encore prier avec les formules latines originales : « Veni, Sancte Spiritus, reple tuorum corda fidelium et tui amoris in eis ignem accende »). Ou bien : « Envoie ton Esprit, Seigneur, et renouvelle la face de la terre ». Ou bien : Viens, Esprit Créateur, visite nos esprits, remplis de grâce céleste les cœurs que tu as créés. »
Aux frères et aux sœurs anglophones, je suggère de répéter, seul ou en groupe, les paroles de ce chant que nous avons reçu de nos frères pentecôtistes et qui a accompagné des millions de croyants lors de la réception du baptême dans l’Esprit (alternant le singulier « moi » avec le pluriel « nous ») : « O Esprit du Dieu vivant, viens toucher nos cœurs, prends-moi, guide-moi, emplis-moi de ton amour. O Esprit du Dieu vivant, viens toucher nos cœurs ».
Dans mon livre de commentaire sur le Veni Creator (Viens Esprit Créateur, Méditations sur le Veni Creator, EdB 2008), j’ai également formulé une invocation au Saint-Esprit. Dans cette circonstance, je la partage volontiers avec ceux qu’elle inspirera :
Viens, ô Saint-Esprit !
Viens, force et douceur de Dieu !
Viens, toi le mouvement et la paix !
Renouvelle notre courage,
Remplis notre solitude dans le monde,
Crée en nous l’intimité avec Dieu !
Nous ne disons plus, comme le prophète : « Viens des quatre vents »,
Comme si nous ne savions pas d’où tu proviens ;
Nous disons :
Viens, Esprit du côté transpercé du Christ en croix !
Viens de la bouche du ressuscité !